Henri Laborit
Extrait du film : Mon oncle d'Amérique.
« L’inconscient constitue un instrument redoutable non pas tellement par son contenu refoulé... mais, par tout ce qui est, au contraire, autorisé et quelquefois même récompensé par cette socioculture et qui a été placé dans son cerveau depuis sa naissance.
Il n’a pas conscience que c'est là, mais pourtant c’est ce qui guide ses actes.
C’est cet inconscient-là, qui n’est pas l’inconscient freudien, qui est le plus dangereux.
En effet, ce qu’on appelle la personnalité d’un homme, d’un individu, se bâtit sur un bric-à-brac de jugements de valeur, de préjugés, de lieux communs qu’il traîne et qui, à mesure que son âge avance, deviennent de plus en plus rigides et qui sont de moins en moins remis en question.
Et quand une seule pierre de cet édifice est enlevée, tout l’édifice s’écroule.
Et il découvre l’angoisse. Et cette angoisse ne reculera ni devant le meurtre pour l'individu, ni devant le génocide ou la guerre pour les groupes sociaux, pour s’exprimer.
On commence à comprendre par quel mécanisme, pourquoi et comment, à travers l’histoire et dans le présent, se sont établies des échelles hiérarchiques de dominance.
Pour aller sur la Lune, on a besoin de connaître les lois de la gravitation. Quand on connaît ces lois de la gravitation, ça ne veut pas dire qu’on se libère de la gravitation. Ça veut dire qu’on les utilise pour faire autre chose.
Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent, tant qu’on ne leur aura pas dit que, jusqu’ici, ça a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chances qu’il y ait quelque chose qui change... ».